Cet acte 2 contient :
- Une énième refondation des programmes scolaires ;
- La labellisation des manuels ;
- Les groupes de besoins en français et en mathématiques étendus en 4e et 3e pour une heure par semaine ;
- Dès la session 2027, le brevet deviendrait une première étape obligatoire pour entrer au lycée, avec répartition entre contrôle continu (40 %) et épreuves finales (60 %) ;
- Le grand retour des mathématiques au baccalauréat ;
- Des mesures « Climat scolaire et sécurité » : 150 CPE et 600 assistants d’éducation recrutés + 1 000 établissements scolaires sécurisés.
…. et, pour le bien de tous, la suppression de 4.000 postes.
Les groupes de « besoins » en sixième et en cinquième sont déjà un fiasco : chaque établissement les a mis en place avec sa recette maison, c’est-à-dire que beaucoup d’établissements ont fait semblant de les faire, en brassant vaguement les élèves. Le résultat est cependant partout le même : les élèves sont déstabilisés de changer ainsi de groupe, les emplois du temps sont chaotiques, impossible de rattraper ou de déplacer un cours qui mobilise plusieurs classes, les collègues sont aussi à bout. Ils ne peuvent construire de projet sur la durée et leur emploi du temps est aussi grevé que le budget de l’État. Conclusion : les groupes de « besoins » desservent tout le monde. Mais alors, pourquoi diable les mettre en place et tenter de les généraliser ? Ne nous y trompons pas, la décision du conseil d’État d’annuler cette mesure ne changera rien, puisqu’il suffira d’un décret du premier ministre pour qu’ils ressurgissent à nouveau, ce que celui-ci ne manquera pas de ratifier.
Si l’on considère l’ensemble des mesures envisagées, le projet est clair et l’on comprend bien pourquoi le gouvernement ne veut pas lâcher. Le but n’est nullement d’aider les élèves en difficulté. Il s’agirait plutôt de :
- faire des économies, puisque l’idée est que les professeurs sur un même niveau puissent s’échanger les groupes en cas d’absence, ou bien que le professeur surnuméraire fasse office de remplaçant. Plus les 4000 postes qui sautent.
- reprendre la main sur la pédagogie d’où l’idée d’une refonte des programmes, qui sera purement idéologique on peut le parier. Elle permettra de fournir aux enseignants les contenus de cours ad hoc via des manuels labellisés, c’est-à-dire estampillés comme conformes avec ce que le gouvernement veut pour l’éducation.
- faire du pied à la droite en faisant des groupes de « bons » qui flattent leurs velléités élitistes tout en faisant croire aux aveugles qu’on va aider les élèves en difficulté, coup double donc. L’obligation de l’obtention du brevet (pour entrer au lycée) va dans le même sens, ça ne rendra pas les élèves meilleurs, mais ça fera du tri, comme ça avec moins d’élèves au lycée peut-être y aura-t-il assez de professeurs de mathématiques ? Parce que pour l’instant, c’est bien beau de vouloir remettre les maths au lycée, mais s’il n’y a toujours pas assez de professeurs ….
- renforcer la peur et le climat sécuritaire, parce que le gouvernement est déjà compatible avec l’extrême droite. « Sécuriser des établissements scolaires » c’est encore plus de présence policière, des caméras, de portiques qui coûtent un fric fou. Et avec 150 CPE et 600 AED en plus sur toute la France, bien sûr on est sauvés. A moins que ce ne soit pour faire accepter les autres suppressions de postes ? Par contre, se poser la question de pourquoi les élèves peuvent prendre un grain de folie, personne ne s’en soucie à l’Élysée. En tout état de cause, tout cela va bien avec le SNU, il faut reprendre en main la jeunesse !
Tout cela s’inscrit très bien dans le plan général d’austérité pour économiser 60 milliards (chiffre sorti dont ne sait où ?) qui nous est imposé par des gens qui n’ont pas trop de mal à finir le mois. Quand on pense, entre autres, qu’il y a 160 milliards d’exonération de cotisations sociales pour les entreprises (surtout les grandes), sans aucune contre-partie, on se dit que de l’argent il y en a. Le mouvement général de libéralisation, de privatisation et de dérégulation n’utilise la dette et les déficits budgétaires (largement créés d’ailleurs de toutes pièces en transférant massivement des fonds publics au secteur privé) que comme alibis. On le voit bien dans l’éducation où la même logique est à l’œuvre, le gouvernement donne l’impression qu’il va s’occuper des personnes en difficultés (d’où les groupes de « besoins », etc) alors que parallèlement on supprime des postes. Même problématique dans la santé ou les autres services publiques. De là, ils vont pouvoir dire que si ça ne fonctionne pas c’est parce que les travailleurs sont des feignasses. Il est d’ailleurs symptomatique que Guillaume Kasbarian ait été nommé ministre de la Fonction publique, de la Simplification et de la Transformation de l’action publique. On va trancher dans le vif pour dégraisser partout où c’est possible, et même là où c’est impossible. C’est partout la même logique à l’œuvre, celle de la guerre de classe : celle des possédants contre celle des dépossédés.
Il ne faut donc pas simplement stopper telle ou telle mesure : les groupes de « besoins », les trois jours de carence, l’indemnisation des arrêts maladie à 90 % au lieu de 100 % (au passage, dans le privé il y a trois jours de carence, mais qui sont souvent remboursés par les accords de branche, pas nous)… c’est le gouvernement Macron qu’il faut arrêter, et tous ceux qui portent sa politique libéral-réactionnaire, son plan social généralisé pour tous les exploités.