Alors que les services publics sont au plus mal et que la fonction publique n’a jamais été aussi peu attractive, l’urgence gouvernementale n’est donc pas dans la remédiation, en l’occurrence mettre les moyens dans les hôpitaux, l’école, la justice, les administrations de contrôle et globalement dans les services rendus à la population et à la société.
Le pouvoir ressort les vieilles recettes. Après avoir bien formaté l’opinion public via l’armada médiatique aux ordres, faisant d’un salarié du public un nanti fainéant et profiteur, il crie haro sur les fonctionnaires responsables de tous les maux !
Il s’agit pour le capitalisme de préserver ses cadeaux pris dans la poche du contribuable par une politique d’austérité toujours plus violente scandaleusement appelée « résorption du déficit public ».
Ces mesures, qui ces dernières années s’inscrivent dans la litanie des attaques contre le statut social des salariés : droit du travail, retraites, salaires, santé… touchent une seconde fois la protection maladie des fonctionnaires.
Et ceci sous des prétextes fallacieux d’égalité entre Public et Privé alors que près de 70% des salariés du privé bénéficient d’accords d’entreprise ou de branche plus généreux, avec un maintien à 100% du salaire durant tout ou partie de l’arrêt (rapport de l’Institut de Recherche et de Documentation en Économie de la Santé). Ces propositions gouvernementales viendraient donc aligner les conditions des fonctionnaires non pas sur celles de l’ensemble des salariés du privé, mais sur celles des salariés des entreprises les plus arriérées.
Ainsi, pour les enseignants, voici ce que coûterait un arrêt de cinq jours en brut (certifiés et assimilés à temps plein en ne comptant que l’ISOE part fixe et prime Grenelle, sans HSA ou missions supplémentaires) :
Toutes ces dispositions concernent directement les 5,7 millions de travailleurs de la fonction publique, qu’elle soit d’État, territoriale ou hospitalière. Près de 40 % sont de catégorie C, c’est-à-dire ouvriers ou employés, avec un salaire d’embauche au SMIC (ce qui fait de la Garantie Individuelle du Pouvoir d’Achat, GIPA, pour ces catégories un élément de rémunération). L’offensive sur l’arrêt maladie, comme le montre le tableau, signifierait le vol de plusieurs centaines d’euros de salaire pour une semaine d’arrêt maladie. Comme le formulait un infirmier : « Nous devons soigner des gens. Mais nous-mêmes, nous n’avons pas le droit de nous soigner ! »
De plus en plus, les arrêts maladie sont la conséquence de la dégradation des conditions de travail, qui touche tous les secteurs. Le vol sur le congé maladie est une double peine : l’État patron oblige à effectuer un travail toujours plus pénible, voire plus dangereux et, d’autre part, il ampute le salaire des travailleurs contraints de s’arrêter.
Dans ce scénario, on note que ce sont encore une fois les catégories les moins rémunérées, les non titulaires par voie de conséquence et les femmes en particulier qui vont souffrir le plus de l’amputation de leurs moyens d’existence.
Tout cela doit cesser au plus vite.