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Mardi 8 octobre 2024 — Dernier ajout samedi 23 novembre 2024

Il paraît qu’il y aurait la mise en place de groupes de besoins, anciennement « groupes de niveau », dans les collèges… Mais jamais une réforme n’aura été mise en place de façon aussi chaotique. Pourtant le bac Blanquer avait obtenu la palme précédemment puisque, depuis sa mise en place, il n’y a pas deux cohortes d’élèves qui ont passé le même bac.

Dans certains établissements, les groupes de niveau sont déjà en place, dans d’autres ils seront mis en place après les vacances d’automne, dans d’autres encore il n’y aura pas de groupes de niveau, puisqu’il faut bien les appeler ainsi. Finalement, la décentralisation se révèle dans toute sa splendeur étant donné que chaque établissement met en place la réforme à sa façon.

Parfois, les groupes seront mis en place avec un tri par niveau (fumeux puisque basé sur les évaluations nationales en ligne, franchement ineptes) : 2, 3, 4 niveaux. Parfois, les groupes seront hétérogènes. Parfois, rien ne sera mis en place. Parfois, il y aura un professeur surnuméraire pour prendre ponctuellement des élèves en difficulté. Parfois, on fera un groupe allégé pour les élèves en difficulté. Parfois les groupes s’organiseront par paires ou trinômes de classes. Parfois on attend encore de voir ce qui va se passer avant de mettre en place quoi que ce soit.

Ce qui passe peut-être inaperçu, c’est que, dans la foulée de cette réforme, les collèges peuvent accueillir les élèves jusqu’à 18h. Car voici le corollaire de cette fumeuse idée : c’est un bazar sans nom. Il y a d’abord le fait que d’un établissement à l’autre les formes prises par la mise en place varient tant qu’on pourrait parler de rupture d’égalité. Mais, il y a également l’impact sur l’organisation globale des établissements. Comme les cours de français et de mathématiques doivent être en barrette (plusieurs classes ont cours dans la même matière en même temps) pour mettre en place les groupes, cela contraint énormément les emplois du temps. Conséquence : les enseignants se retrouvent avec des emplois du temps infernaux (et instables), mais pas seulement en sixième / cinquième et en français / mathématiques. Tout le monde en fait les frais. Pour les élèves, c’est la même chose avec une augmentation de l’étendue de présence en classe sur la journée et dans la semaine, avec des emplois du temps troués comme le budget de l’Éducation nationale, en plus de l’angoisse générée par le tri et les changements de groupe, de prof, de salle. Certains élèves de sixième se retrouvent avec plus de six heures de cours dans une journée, ce qui est dérogatoire par rapport à la loi.

Finalement, cette reforme balancée à la va-vite, sans concertation et même contre les personnels et contre les parents devient ce qu’elle était destinée à devenir : un ectoplasme. Ce qu’elle génère avant tout c’est du stress, de l’indécision, la division des équipes déjà bien entamée par le Pacte et du désordre. Si l’on ajoute à cela le manque criant de personnel, la rentrée dans les collèges est un capharnaüm énorme. On devine aussi que derrière l’objectif affiché du tri des élèves se dessine l’uniformisation des pratiques d’enseignement puisqu’il faudrait que les enseignants alignent leurs progressions pour que les élèves puissent aller d’un groupe à l’autre. Mais on apprend aussi que, dans certains établissements, quand un enseignant n’est pas là, soit il est remplacé par le professeur surnuméraire qui devait accompagner les élèves les plus en difficulté, soit les élèves sont redistribués dans les autres groupes et les enseignants sont priés de prendre des élèves en plus.

Mais, finalement peut-être peut-on y voir la possibilité d’agir, notamment au niveau des établissements. Dans le bazar ambiant, étant donné qu’il n’y a pas deux établissements qui mettent en place les groupes de niveau de la même manière, il est possible pour les équipes de construire un rapport de force avec les chefs d’établissement afin que la réforme ne soit pas mise en place, puisqu’elle est déjà un échec. Il est possible de refuser de faire et de prendre les groupes, de s’aligner entre collègues sur une progression commune, de refuser d’être professeur principal pour des bouts de classe avec des élèves qu’on n’a pas… les possibilités de manquent pas.

Faisons bloc, refusons de mettre en place cette réforme inepte, la balle est dans notre camp.

Pilote mammouth - tract LDC éduc Gre (08.10.24)
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